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Udeyfa, Souffrance, Scylla : Un cocktail rap crescendo
La salle commence à se remplir. En guise d’amuse-bouche, le public découvre la mélancolie d’Udeyfa, rappeur bruxellois qui opère son cœur écorché sur scène avec une volonté de résilience poignante, notamment sur un morceau intitulé “Cancer” consacré au décès de sa mère. Les gens vont ensuite vers les stands se sustenter et boire.
La deuxième partie sort le public d’une torpeur causée par la chaleur et la bière. Venu tout droit de Paris, le rappeur Souffrance détonne par son côté mystérieux et sa volonté de galvaniser le public avec des thématiques souvent engagées sur des beats boom bap. Sa plume tranche tel le couteau d’un boucher de la Villette. Il ne manque pas entre deux punchlines de tacler l’extrême droite ou de dénoncer les incohérences de nos débats contemporains.
21 :00. L’ambiance est solennelle. Un public nombreux attend de pied ferme l’ogre. Le DJ porte un parapluie. Signe que l’orage va tonner. Scylla arrive de sa démarche bienveillante. Mais quand il prend le micro, la scène se transfigure. Ses paroles que le public reprend souvent à l’unisson font preuve d’une profondeur spirituelle assez rare dans le rap actuel. Avec une colombe en papier dans son dos, il se veut un spartiate aux ailes d’ange tentant de chercher la vérité enfouie sous les masques de chair. Le rappeur s’approche de son public pour interpréter des morceaux sur des instrumentaux de piano magiques. Chaque mot semble réveiller une émotion dans le visage des spectateurs. Lorsqu’il entonne le magnifique “Clope sur la lune”, certaines personnes font fi des règles de bienséance et s’allument une cigarette. Des moments d’émotion avec quelques surprises : la présence du rappeur B-Lel, ainsi que celle de ses enfants qui sont sûrement fiers d’avoir un père de cet acabit. Le public a pu ensuite rencontrer le rappeur dans l’un des nombreux stands près de la serre du Botanique. En résumé, Les Nuits du Botanique ont opté pour une programmation intéressante et les étoiles dans les yeux du public ne peuvent s’estomper malgré la fadeur des buildings qui entourent ce lieu culturel bruxellois.
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Le 12/05/2022 par Bruno Le Jeune
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